Mieux connaître les mulots
Le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) est un petit rongeur nocturne largement répandu dans les zones boisées, agricoles et périurbaines de l’hémisphère nord. Mesurant entre 6 et 9 cm hors queue, il possède une tête ronde, des yeux noirs souriants et de longues moustaches sensibles aux vibrations. Omnivore opportuniste, le mulot consomme principalement des graines, baies, fruits, racines et champignons, mais il n’hésite pas à s’attaquer aux réserves de graines et aux denrées stockées dans les greniers ou garages. Sa présence dans ou autour des habitations s’intensifie à l’approche de l’hiver, lorsqu’il recherche des abris douillets et des sources de nourriture stables pour survivre aux périodes froides.
Distribution et écologie
Adapté à une grande variété d’habitats, le mulot sylvestre occupe aussi bien les lisières de forêts, les haies champêtres et les prairies que les jardins, parcs et vergers. Il creuse ou emprunte des réseaux de galeries sommaires sous les tas de bois, les murets et les pierres, formant de véritables labyrinthes discrets. Sociable, il peut vivre en petites colonies familiales comptant jusqu’à une dizaine d’individus. Toutefois, l’agressivité entre mâles augmente à la fin de l’été, lors de la compétition pour l’accès aux femelles et aux meilleurs sites d’hibernation.
Apparence et cycle de vie
Le mulot sylvestre arbore un pelage dorsal brun-gris, uniforme, contrastant avec un ventre jaune pâle ou blanc cassé. Les pattes postérieures sont plus longues que les pattes antérieures, adaptées aux sauts et à la course rapide. Les jeunes naissent nus et aveugles dans un nid construit de mousse, de feuilles et d’herbe sèche, généralement dissimulé dans un abri souterrain ou un tas de bois.
La maturité sexuelle est atteinte à six à huit semaines. La gestation dure en moyenne de 19 à 23 jours, et une femelle peut porter jusqu’à quatre portées par an, chaque portée comptant de 4 à 8 petits, selon la disponibilité alimentaire. Les nouveaux-nés s’émancipent au bout de trois semaines, quittant progressivement le nid pour rejoindre la colonie. En conditions favorables, la densité de population peut doubler en un mois, rendant une infestation particulièrement rapide.
Habitat et mode de propagation
Les mulots se réfugient traditionnellement dans :
- Les tas de bois, de pierres ou de paillis, fournissant couvert et isolation thermique.
- Les remises, greniers, vides sanitaires et caves non étanches.
- Les interstices des fondations, gaines techniques et fissures murales.
- Les plantations denses et haies, qui servent de corridors de déplacement.
Ils empruntent des galeries peu profondes sous la végétation et exploitent les cavités bâties pour pénétrer dans les bâtiments. Les ponts thermiques, les conduits de ventilation et les joints de dilatation sont autant d’accès potentiels.
Signes d’infestation
Repérer une présence de mulots à un stade précoce permet d’éviter une saturation rapide des lieux. Les indices à surveiller sont :
- Excréments : petits cylindres brun foncé, 3 à 6 mm, regroupés près des sources de nourriture et des voies de circulation.
- Rongements : traces sur emballages, câbles électriques, isolants, menuiserie et boiseries, avec des copeaux caractéristiques.
- Empreintes : empreintes de pattes dans la poussière ou la farine, avec une queue déposant parfois un sillon.
- Nids et terriers : amas de matériaux agglomérés (herbes, feuilles) repérables dans les coins sombres.
- Bruits nocturnes : grattements, couinements, déplacements audibles dans les murs et plafonds.
- Odeurs : senteur musquée et ammoniacale émanant des zones fortement infestées.
Risques sanitaires et conséquences
Les mulots sont porteurs de maladies transmissibles à l’homme et aux animaux domestiques, telles que la leptospirose, la salmonellose et, plus rarement, le hantavirus. Le contact ou l’inhalation de poussières contaminées par leurs urines et excréments constitue une voie d’infection. De plus, le rongement des câbles électriques augmente le risque de courts-circuits et d’incendies, tandis que les dégâts aux isolants peuvent altérer l’étanchéité thermique.
Sur le plan économique, une infestation de mulots peut engendrer la détérioration des stocks agricoles (graines, céréales), des équipements et des structures de bâtiments, ainsi que des coûts significatifs de réparation et de nettoyage.
Méthodes de lutte et prévention
La lutte contre les mulots repose sur une démarche intégrée associant mesures physiques, mécaniques et, si nécessaire, chimiques :
- Exclusion physique : bungage et calfeutrage des fissures, installation de grilles fines sur les aérations, portes et fenêtres munies de bas de porte hermétiques.
- Piégeage ciblé : utilisation de pièges mécaniques (tapettes à bascule, pièges à ressort) ou vivants, disposés le long des murs et près des points d’entrée.
- Réduction des ressources : élimination des tas de bois, de pierre et des débris végétaux à moins de 2 mètres des constructions, stockage hermétique des denrées et suppression des zones de compost accessibles.
- Répulsifs naturels : diffusion de feuilles de laurier, sachets de menthe poivrée ou sprays d’huile essentielle de menthe et d’eucalyptus, qui génèrent une barrière olfactive.
- Encouragement des prédateurs : installation de nichoirs pour rapaces (chouettes, hiboux), tunnels d’accès pour hérissons, présence de chats domestiques sous surveillance.
- Traitements ciblés : en cas d’infestation sévère, application de rodenticides spécifiques en stations sécurisées, selon la réglementation en vigueur et sous la supervision d’un professionnel.
Conseils de prévention post-traitement
Après toute opération de dératisation, il est crucial de maintenir une vigilance durable :
- Contrôles périodiques : inspection bimestrielle des points d’accès et des pièges, renouvellement des appâts ou pièges selon leur état.
- Entretien des abords : taille régulière des haies, débroussaillage et sécurisation des zones de stockage extérieures.
- Surveillance continue : pose de plaquettes d’appâtage à sec pour détection précoce, relevés journaliers pendant les deux premières semaines.
- Sensibilisation : formation des occupants aux bonnes pratiques d’hygiène, de stockage et de gestion des déchets.
En appliquant ces mesures de façon coordonnée, vous réduisez efficacement le risque d’infestation de mulots et limitez les impacts sanitaires, économiques et sécuritaires pour votre habitat ou votre entreprise.